lundi 10 novembre 2008

LE VOYAGE FORME LA JEUNESSE

C’était il y a 3 semaines. Je tournais les pages de mon roman du moment avec avidité. Mes yeux ont alors trébuché sur un passage qui, pour moi, résonnait fort. L’histoire se déroulerait dans le nord ouest africain, un roman écrit en 1951. L’auteur, à travers un des personnages, exprimait sa vision, ce qui différenciait le voyageur du touriste. Le voyageur, selon l’auteur, remet en cause les valeurs de son pays d’origine, est capable de saisir les différences, les nuances, de comparer ce qu’il voit, ce qu’il vit et ce qu’il sent. Quant au touriste, il jouit tout simplement de la différence sans pour autant remettre en question ses propres valeurs ou celles de son lieu d’origine. En ce qui me concerne, deux mois à Bamako, dans ce pays du Sahel, auront été suffisant pour provoquer le réflexe du voyageur.

Le premier élan, j’imagine tout naturel, bien que teinté d’incompréhension, m’a fait toucher à une certaine idéalisation. Idéalisation du rythme, du lien des relations, des mœurs et des coutumes, du coup, tout devient plus. Puis, lentement, sont arrivées les premières vagues de nostalgie et de manque. À mon insu, se sont préparées les premières secousses, la source de ce qu’on appelle le choc je présume. J’exprimais à un ami récemment que moins j’idéalisais l’Afrique et plus je l’aimais. Semblable à la relation amoureuse, lorsque l’autre devant nous s’humanise, abandonne son statut de perfection après quelques mois ou quelques années, je ressens à présent un lien d’authenticité et véritable avec ce peuple et ce pays.

J’ai dû me faire petit par contre, me faire plus souple et abandonner l’espoir de réponses intelligibles. Le self made man que je suis ou que je pensais que j’étais s’est alors incliné. À voir tous ces gens se tourner vers l’est, cinq fois pas jour, déposer les genoux sur le sol, les mains vers le ciel et faire silence, je me suis laissé guider. Ce peuple est bel et bien en équilibre entre combler le grand vide et le contempler. J’imagine qu’à trop vouloir donner un sens voire une direction à notre vie, on oublie l’autre signification du mot sens. Et si le mot sens, comme Christiane Singer le disait, voulait dire également la raison de notre incarnation, de notre mission? Peut-être cesserions-nous de chercher les panneaux d’indication, la direction vers laquelle il faut aller? Peut-être serions-nous à même d’accepter le grand espace, l’opposé du palpable et du concret. Je vous laisse sur ces 3 citations;

Nous sommes quelques fois aussi différents de nous-mêmes que des autres.

-La Rochefoucauld

Les gens qui vont prier pour voir la pluie apparaitre se munissent rarement de parapluie.

-Auteur inconnu

Je cessai d’aspirer à un monde meilleur, car je contemplais enfin la création dans sa totalité, et à la lumière de cette intelligence plus claire, j’en vins à comprendre que, bien que les choses supérieures fussent meilleures que les choses inférieures, la somme totale de la création est meilleure que les choses supérieures toutes seules.

-Saint Augustin

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