Les vastes yeux bleus de fée Audrey Carabosse et les cris de joie font écho dans la salle de bain. ''Papa viens voir, viens voir''. Un co-locataire au sang froid et à la peau orangée se déplace à haute vitesse dans le fond de la baignoire. Je me dis alors que la fée doit sûrement songer qu'elle fait partie d'un conte, que la réalité dépasse la fiction. Je vais me souvenir toute ma vie de l'immensité de ses yeux lorsque nous sommes sortis à l'extérieur de l'aéroport de Bamako mardi dernier. Un attroupement de maliens attendait les voyageurs à l'extérieur et, en se faufilant au travers accrochée à ma main, la minuscule fée accusait cette nouvelle réalité avec un regard perplexe. Tous ces gens voulant aider en même temps, les nouvelles odeurs, la chaleur humide, la noirceur et Audrey au yeux de sommeil qui déjà devait faire face à cette nouvelle vie qu'allait être la sienne pour la prochaine année. Une heure plus tard, à l'arrrivée d'Alassane, le directeur du CECI ici à Bamako, Audrey blottie entre Christine et moi a demandé, avec la fatigue dans sa voix, à retourner à la maison voir son petit chien Koonick. J'ai su alors qu'un coeur de papa peut se tordre comme un vieux torchon qu'on lance ensuite dans un coin. Nous avons donc traversé une partie de Bamako vers 4 h du matin en direction de notre hôtel avec la fée qui troquait la réalité contre une poignée de sable au marchand du coin. Le lendemain, après une nuit de dodo interminable, la fée m'a accompagné sur le toit brûlant de notre chambre. Dans cette clarté étincelante, les premières images de Bamako s'invitaient lentement dans les petits planètes bleus de fée Carabosse. Nul besoin d'ajouter que Bamako devenait la plus belle ville du monde dans ce petit regard. J'ai su à cette instant que la fée allait s'y faire et qu'elle allait m'offrir ma première leçon d'adaptation.
Christian
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